Critique

 

Psychothérapie de Dieu (Boris Cyrulnik)

note: 3"Un kleenex, Notre Père?" marionstandré - 16 janvier 2018

Cyrulnik reçoit Dieu en consultation: dès le début de cette séance particulière, le psy diagnostique une profonde tristesse chez son patient. Dieu souffre. D'une crise de foi? de trop de paternalisme? de carences d'autorité éducative? Cyrulnik ne se risquera pas à creuser de ce côté-là; Dieu le Père a de toute évidence du mal à tenir ses fils, et à calmer leurs jalousies..Pas la peine de remuer le couteau dans les plaies des guéguerres fratricides, ni d'aborder l'épineux problème de la conscience morale déficiente. Non. Cyrulnik , le prudent, va plutôt orienter les causeries du Dieu solitaire vers du positif, en lui rappelant son rôle de mécène, sa fonction dans le système motivationnel des fidèles en détresse, et des sociétés en crise, et en lui redonnant bonne "figure d'attachement "
Cyrulnik le neurologue va lui apprendre que, même si les voies du Seigneur sont impénétrables, elles sont observables dans les aires de nos cerveaux d'hommes! Et d'ajouter, pour lui faire avaler la pilule, que, tout Dieu qu'il est, il est aussi (juste) la petite pilule rose, la pilule du bonheur, de (ré)confort...la paroxétine des croyants. Dieu soit loué, l'éclairage scientifique de Cyrulnik est doux et tamisé, et le ton prévenant; rien à voir avec les Lumières crues et franches du 18ème siècle...Alors, à la fin de la séance, Dieu pleurera t-il moins ou davantage? "Un kleenex, Notre Père?"